Mon café idéal serait plus fluide que les cafés existants. Dans le temps, déjà. On ne serait pas obligé d'y remâcher hier, de vivre aujourd'hui où de presser demain entre ses doigts. On pourrait être tout ça, successivement ou à la fois.
On pourrait s'y boire les uns les autres, mais sans jamais se vider. Au contraire, plus on se boirait et plus on serait remplis. On y servirait des cocktails de regards et de sourires, des lèvres acidulées et des cils longs et lourds de désir.
Il serait assez canaille pour que les voyous y soient chez eux, et assez élégant pour que les bourgeois passent aussi sa porte. Les enfants auraient le droit f'y venir et de monter sur les tables pour chanter, les vieux viendraient nous partager leur sagesse et on ferait tous un grand cercle autour d'eux.
La carte serait dans toutes les langues du monde et comme par magie, à l'intérieur du café, on les comprendrait toutes.
De la musique ? Bien sûr qu'il y en aurait. Les musiciens, ce serait nous, même ceux qui ne savent pas jouer. Car dans mon café idéal, on se souviendrait de tout ce qu'on a oublié, on se réveillerait de tout ce qu'on croyait ignorer.