Premier jour : la salamandre est nue, la rivière aussi. Il y a très longtemps qu'elle a quitté la source et pourtant, elle se sent nue et jeune, comme un simple filet d'eau avec des pattes. Elle a déjà traversé de nombreux feux, et pourtant, ses écailles tiennent bon. C'est normal : ce sont des fenêtres. Et pas en verte, mais en chair et en cendres. En pétales et en fluides feux alimentés dans son ventre, qui la font nager.

Devant l'écran, la salamandre est allongée sur le clavier. Elle nage et appuie sur les touches, un peu au hasard et on croit qu'elle écrit des mots organisés, des choses qui ont un sens. Alors qu'elle ne fait que marcher sur l'ordinateur et produire un sens aléatoire. Quoique. C'est son ventre qui caresse les lettres, très doucement. Alors, sans doute, ses mots sont-ils des mots d'amour.