Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?


Recherche


Index des rubriques

Ailleurs sur Joueb.com

Des gouttes et des déserts jusqu'à la mer
Même l'ombre de la pluie
--> Mon 9eme partageoème pour vous


"Ce qui est déjà mouillé ne craint pas la pluie"
- Proverbe grec

-- Même l'ombre de la pluie --


1.Avoir mal.

La poussée peut se manifester n'importe où. Dans ses propres reins, dans
une aiguille que l'ont tient à la main, dans une aiguille que l'on
plante dans ses propres reins, lors d'une scéance de magie noire dirigée
contre soi-même. Au confluent des deux, plusieurs choses peuvent avoir
mal ensemble. Tout peut avoir mal, même l'aiguille. Quelque chose peut
sortir de notre propre corps, une pluie brûlante, une averse rouge qui
peut faire mal aux objets que l'on croyait insensibles. Des pieds font
bouger tout cela, des pieds font bouger les objets posés sur nos têtes,
font bouger les télévisions en équilibre sur le crâne et pendant que
l'on danse, tous les pays du monde que montrent les reportages perchés
sur nos cheveux se mettent à trembler. Nous voudrions voir l'eau
s'infiltrer dans la poussière, nous voudrions nous souvenir de nos
visages enterrés. Nous voudrions même une seule goutte sensible.
Même l'ombre de la pluie.

Et des lézardes élargies sortent des animaux, des petits animaux de
pluie et de terre qu'on ne connaissait pas, qu'on ne voulait pas
connaître, qui n'avaient encore jamais vu le soleil. Ils prennent la
lumière dans leurs yeux comme une femme prend son homme en elle.

Même le geste de soulager peut avoir mal.


2. Les grains s'allongent.

La poussière vole sous les pieds. L'expression le dit, la poussière
vole. Quand ils rentreront chez eux, c'est ce qu'ils diront, ils diront
leurs pieds se sont mis à bouger et la poussière volait et le sol
tremblait.
C'est ce qu'ils diront en toussant, la poussière vole , ils espèrent que
la photo sera réussie quand même, malgré le fait qu'ils n'arrêtent pas
de tourner malgré eux, dans le sens inverse des grains et leurs corps
semblent s'arrondir pour ressembler aux parcelles de nuages qui eux-même
s'allongent pour ressembler aux corps.
Et tout ce bruit qui fait trembler la terre se rejoint à mi-chemin, ils
se demanderont en protégeant leurs appareils de leurs mains
transparentes, ils se demanderont comment des pieds si délicats et des
chevilles si fines peuvent-elles bien parvenir à faire vibrer le sol
jusque dans les os, et comment un simple geste peut-il faire si mal.
Comment une simple goutte peut-elle tout noyer. Et comment elle sait
ensuite tout ramener à la vie.
Même l'ombre de la pluie.

L'expression le dit, la poussière vole sous les pieds, mais on ne les
voit plus, ils sont recouverts de ces petits animaux qui n'avaient vu le
soleil et grimpent le long de notre peau trop claire parce qu'ils
croient que la lumière qui leur donne soif provient de notre corps.
Ils prennent des photos à la hâte, pour vendre la naissance d'un monde à
un autre monde en train de mourir.

Même la poussière peut fixer des images.


3. Appareils assoiffés.

Ils se demandent s'ils doivent nous tuer puisqu'ils ne peuvent pas
atteindre notre esprit. Ils multiplient les prises de vue pour mieux
nous mesurer, notre taille, notre poids, notre durée, notre chaleur. Ils
sont arrivés en conduisant des voitures et des maisons, ils ont dressés
une table sur lesquelles ils ont posé des dossiers à lire tout haut. Et
ils se sont assis autour de nous. ils nous parlé avec des masques et des
filtres à poussière et des lunettes qui rendent la vision floue pour ne
pas voir les chevilles fines qui dansent et soulèvent les grains qui se
ressemblent de plus en plus à force de s'entrechoquer, pour ne pas voir
les reins piqués d'aiguilles et les gestes qui ont mal, même ceux pour
soulager. La langue sèche, la langue de carton, la langue à moitié morte
se cambre vers le ciel, se courbe pour recevoir le plus de pluie
possible. Ils ont renforcés leurs corps avec des angles qui brillent,
ils ont construits des matières sourdes pour ne pas entendre le
frottement des saisons qui se courbent. Nous attendons le secours des
animaux qui viennent de l'intérieur du sol. Ils allument les chevilles
et les jambes comme des feux doués d'intelligence. Ils allument même le
dessous de la terre.
Même l'ombre de la pluie.

Et nous saisissons des louches, des moules à tarte et des casseroles
pour les faire entrer dedans, pour les tasser comme des pauvres dans une
caravane, jusqu'à faire coller leurs corps aux parois. Plus personne ne
bouge maintenant et pourtant la terre continue à danser et la poussière
ne retombera pas et nous non plus, grain contre grain, nous aimons nous
polir.

Même l'ombre de la pluie nous donne à boire.
Ecrit par Salamandre, le Vendredi 11 Juin 2004, 13:57 dans la rubrique "Mon partageoème".


Commentaires :

  epsilon
epsilon
15-06-04
à 19:01

Toujours poétique et cérébral; surtout ne pas baisser la garde pour suivre...;)