Il y a des jours comme ça où tout est très ouvert. On dirait que la table va parler, que les nuages ont quelque chose à dire, que n'importe quel mot stupide qu'on prononce a un sens profond, on a envie d'aimer tout le monde, on oublie ses rancunes envers certaines personnes, on voudrait monter sur une grande estrade avec un mégaphone et cier "je vous aime !".

Il faut profiter de ces jours-là et les respirer à fond. Respirer pour voyager, comme dirait an-droid. Pourtant, je suis dans le passage le plus difficile du roman que j'écris. Imaginez : mon héroïne se trouve dans une espèce de Centre où elle et les autres enfants sont plus ou moins enfermés, et son travail consiste à chanter des slogans débiles pour une grande marque. C'est étrange d'écrire un passage noir quand on est gai.

Ça doit prouver que l'écriture a son espace et son temps intérieur, bien à elle. Et que quand on rejoint ce temps et cet espace, on génère un monde où tout est vivant. Et même dans le noir, on arrive à mettre de la lumière. Un moment magique qu'il faut saisir, en vous souhaitant à tous d'en vivre aussi un, aujourd'hui ou demain, avec des étoiles en plein jour